M. Stéphane Courtois
STALINE
séance du lundi 24 février 2003
COMMENT COMPRENDRE STALINE
L’image de Jossif Vissarionovitch Djougachvili, plus connu
sous le pseudonyme de Staline – « l’homme d’acier »
–, a suscité pendant des décennies les attitudes les plus
contrastées allant de l’adoration à la diabolisation.
Dès les années 1930, Staline était devenu un symbole honni
par tous ceux qui combattaient le communisme, qu’ils fussent
ses concurrents les plus proches – comme les fascistes et
les nazis – ou, au contraire, qu’ils aient perçu en celui-ci
le chef d’un système anti-humain, comme le Pape Pie XI dans
son Encyclique Divini Redemptoris du 19 mars 1937.
A l’inverse, dès la fin des années 1920 en URSS et le milieu
des années 1930 dans les partis communistes regroupés au sein
de l’Internationale communiste, Staline a été l’objet d’un
formidable culte et le critère absolu de la fidélité au communisme.
Critiquer Staline, si peu que ce soit, c’était passer dans
le camp de l’ennemi de classe, même si être un thuriféraire
impénitent ne garantissait pas contre un tel étiquetage infamant.
Pour les communistes du monde entier, Staline était à la
fois « le grand Timonier » et « le petit père
des peuples »,
Dans la première hagiographie publiée en France en 1935,
Henri Barbusse décrivait le secrétaire général du Parti communiste
bolchevique d’Union soviétique comme « l’homme à la tête
de savant, à la figure d’ouvrier et à l’habit de simple soldat ».
En 1937, Maurice Thorez, le chef du PCF, lui dédicaça ainsi
sa propre autobiographie, Fils du peuple :
« Au camarade Staline,
le constructeur génial du socialisme,
le chef aimé des travailleurs du monde entier,
le guide des peuples,
le Maître et l’ami
qui me fit,
un jour heureux entre tous,
le grand honneur de me recevoir,
en témoignage de ma fidélité absolue
et de mon amour filial
Thorez[1] »
Génie, guide, maître, ami, fidélité, amour filial –
autant de termes fort éloignés du registre politique et qui
pourtant rendent bien compte de ce que le communisme fut avant
tout, une passion. Une passion révolutionnaire, comme l’a
si bien montré François Furet dans son grand livre Le Passé
d’une illusion. Mais aussi une passion messianique :
le salut des travailleurs et des peuples était assuré par
l’amour que Staline leur portait et, qu’en contrepartie, chaque
communiste et chaque travailleur devait porter à Staline.
Le soixante dixième anniversaire du vainqueur de Stalingrad,
en 1949, fut d’ailleurs l’occasion du plus stupéfiant déferlement
d’adoration qu’un humain ait pu connaître au XXe siècle. Le
PCF ne fut pas en reste qui publia une brochure et diffusa
un film intitulés « L’homme que nous aimons le plus ».
L’Humanité du 8 décembre 1948 publia à sa gloire un
poème intitulé « Joseph Staline », dû à la plume
de l’un des plus grands poètes français du XXe siècle :
Et mille et mille frères ont porté Karl Marx
Et mille et mille frères ont porté Lénine
Et Staline pour nous est présent pour demain
Staline dissipe aujourd’hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite
[…] Staline dans le cœur des hommes est un homme
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir pour la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leur espoir sans bornes.
C’était signé Paul Éluard… Mais Louis Aragon ne fut pas en
reste qui, lors de la remise d’un Prix Staline à Ilya Ehrenbourg
à Moscou le 28 janvier 1953, quelques semaines seulement avant
la mort du tyran, déclamait avec des accents pathétiques cet
improbable dithyrambe :
« Ce prix porte le nom de l’homme en qui les peuples
du monde mettent leurs espoirs de triomphe de la cause de
la paix de l’homme dont chaque parole retentit à travers
le monde de l’homme qui a amené le peuple soviétique
au socialisme. […] Cette distinction porte le nom du plus
grand philosophe de tous les temps. De celui qui éduque les
hommes et transforme la nature de celui qui a proclamé
que l’homme est la plus grande valeur sur terre de celui
dont le nom est le plus beau, le plus proche, le plus étonnant
dans touts les pays pour tous ceux qui luttent pour leur dignité,
le nom du camarade Staline[2]. »
Si l’adoration était réservée aux croyants communistes, l’admiration
était largement répandue chez les gentils. Nombre de nos rues
et de nos places portaient le nom de Stalingrad, voire de
Staline, et, lors de la mort du dictateur le 5 mars 1953,
le Président de la Chambre des députés, Édouard Herriot, contre
l’avis même du ministre des Affaires étrangères, proposa à
l’Assemblée de s’associer « profondément » à « la
douleur du peuple soviétique » et d’observer une minute
de silence à la mémoire du « maréchal Staline »[3].
Seuls deux députés refusèrent de se lever…
Les raisons de cette adulation générale étaient fort diverses.
Chez les communistes, elle relevait d’une croyance profondément
enracinée dans leur triple passion révolutionnaire, scientiste
et utopiste, et elle confinait à un amour pseudo mystique.
Chez les non communistes, elle reposait sur la reconnaissance
au vainqueur des armées nazies – le charme universel de Stalingrad
–, sur une certaine fascination pour l’idée révolutionnaire
et sa violence inhérente, et aussi, plus trivialement, sur
les impératifs de la Realpolitik.
Chez tous, elle devait beaucoup à une formidable propagande :
Staline avait en effet pris soin personnellement, dès les
années 1930, de réécrire l’histoire de la révolution bolchevique
afin de s’y attribuer le premier rôle, n’hésitant pas, pour
rendre la chose plus crédible, à faire disparaître, d’abord
symboliquement dans les bibliothèques et sur les photos, puis
physiquement lors des purges et procès à grand spectacle,
les principaux acteurs et témoins de cette histoire.
Pourtant, dès 1935 Boris Souvarine publiait la première et
remarquable biographie de Staline, où il retraçait le parcours
du Georgien vers le pouvoir absolu. En 1939, préparant une
réédition, il développa le portrait de Staline comme l’un
des grands criminels de l’histoire, dénonçant sa « terreur
autocratique sans exemple présent à la mémoire humaine[4] ».
Ce portrait fut depuis largement complété, en particulier
par les ouvrages de Robert Conquest[5]
et d’Alexandre Soljenitsyne. Plus récemment, dans le Livre
noir du communisme, Nicolas Werth a présenté une remarquable
synthèse de la dimension criminelle du communisme soviétique,
tant sous Lénine que sous Staline[6].
Grâce à l’exploitation de plus en plus active des archives
soviétiques et d’Europe de l’est, on saisit mieux aujourd’hui
les contours de cette gigantesque terreur de masse, scandée
par quelques événements majeurs.
Et d’abord la guerre contre la paysannerie qui accompagna
la collectivisation forcée des années 1929-1933, avec le slogan
lancé par Staline : « Liquidons les koulaks en tant
que classe ». Le « koulak » désignait celui
qui manifestait la moindre opposition à la collectivisation,
forme modernisée du servage. En 1930-1931, environ 30 000
« koulaks » furent fusillés, 1 680 000 déportés
avec leurs familles, pendant que 1 million d’autres fuyaient
leur village et que 2 millions étaient exilés dans d’autres
régions. Puis de l’été 1932 au printemps 1933, ce fut la grande
famine organisée contre la paysannerie ukrainienne en
décrétant la réquisition par l’État de l’ensemble des récoltes,
en envoyant des dizaines de milliers de commandos communistes
s’emparer par la force de l’ultime ravitaillement des récalcitrants,
Staline a provoqué un véritable génocide de classe et d’ethnie,
entraînant la mort de 5 à 6 millions de personnes en neuf
mois[7].
Après l’assassinat de Kirov le 1er décembre 1934,
Staline commença à programmer la Grande Terreur, inaugurée
à l’été 1936 par le premier des trois Grands Procès de Moscou.
A cet effet, il nomma à la tête du NKVD l’un de ses affidés
les plus proches, Nikolaï Iejov[8].
En dehors de toute procédure judiciaire et dans des délais
déterminés, Iejov fut chargé de « traiter » des
populations d’ « ennemis du peuple », selon
des quotas fixés à l’avance, et des modalités ne comprenant
que deux catégories : la 1ère – fusillés –
et la seconde – déportés. Désormais, les ordres opérationnels
du NKVD, directement inspirés par Staline, scandèrent les
quatorze mois qui courent du 30 juillet 1937 au 1er
novembre 1938 :
- ordre
opérationnel n°00447 du 30 juillet 1937 visant les « koulaks »
ayant terminé leur peine ou évadés du Goulag, les religieux
et croyants, les ex-membres des partis non-communistes, les
criminels et en général les « gens du passé », autorisant
l’arrestation de 767 397 personnes, dont 386 798 fusillées.
- ordre
opérationnel n°00486 du 15 août 1937, défini par le Bureau
politique le 5 juillet 1937, autorisant l’arrestation de plus
de 18 000 femmes d’« ennemis du peuple » et de 25
000 enfants de plus de quinze ans.
- ordre
opérationnel n°00439 du 25 juillet 1937 visant les Allemands
travaillant en URSS et les Soviétiques ayant eu des relations
avec l’Allemagne, soit au total 68 000 personnes arrêtées
dont 42 000 furent exécutées.
- ordre
opérationnel n°00485 du 11 août 1937 visant tous les Soviétiques
ayant eu des relations avec la Pologne ou des Polonais en
URSS, soit au total 144 00 personnes arrêtées dont 110 000
furent exécutées, y compris la plupart des dirigeants et cadres
du Parti communiste polonais réfugiés en URSS et dont le parti
fut officiellement dissous par le Komintern en août 1938.
- ordre
opérationnel n°00593 du 20 septembre 1937 visant les Soviétiques
originaires de Harbin revenus de Mandchourie en URSS après
le règlement de la question du chemin de fer de l’Est chinois
en 1935 avec le Japon. 25 000 personnes furent arrêtées.
- d’août
à octobre 1937, le NKVD déporta des frontières d’Extrême Orient
au Kazakhstan plus de 170 000 Coréens.
Le 31 janvier 1938, le Bureau politique autorisa le NKVD
à étendre son action aux opérations lettone, estonienne, grecque,
iranienne, roumaine, finlandaise, chinoise, bulgare et macédonienne.
Le 1er août 1938, le Bureau politique autorisa
le NKVD à étendre ses activités à l’opération afghane. Le
total des victimes de ces « opérations nationales »
se monte à 350 000 personnes arrêtées dont 247 157 exécutées.
Le 19 septembre 1937, le Bureau politique autorisa le NKVD
à intervenir en Mongolie extérieure, ce qui aboutit en quatre
mois à l’arrestation de 10 728 « conspirateurs »
dont 7 814 lamas, 322 propriétaires féodaux, 300 officiers
ministériels, 180 responsables militaires, dont 6 311 étaient
déjà fusillés au 31 mars 1938.
Parallèlement, Staline signa personnellement 383 listes transmises
par Iejov, concernant plus de 44 000 membres du Parti communiste
et de l’appareil d’État, dont 39 000 furent exécutés et les
autres déportés.
Au total, du 1er octobre 1936 au 1er
novembre 1938, 1 565 000 personnes furent arrêtées – 365 805
pour les « opérations nationales » et 767 397 en
vertu de l’ordre n°00447, dont 668 305 furent exécutées et
668 558 envoyées en camp de concentration. Encore ces chiffres
sont-ils sous-estimés et le nombre d’exécutés se monte-t-il
à plus de 700 000. C’est ainsi que Staline mit en œuvre la
« solution finale » au problème des « éléments
anti-soviétiques »[9].
Il fut personnellement responsable de la Grande Terreur, trop
souvent mise sur le compte du seul Iejov – d’où le terme de
Iejovshina – alors qu’en 1937-1938, le chef du NKVD
fut reçu 278 fois par Staline au Kremlin – « en moyenne
tous les deux jours et demi ! –, à peine moins que Molotov,
le bras droit du tyran.
Les accords Molotov-Ribbentrop du 23 août et du 28 septembre
1939, en provoquant la conquête par l’Armée rouge de la partie
orientale de la Pologne, puis en juin 1940 des États baltes,
de la Bessarabie et de la Bukovine du nord, entraînèrent de
nouvelles vagues de terreur contre ces nations immédiatement
soviétisés.
En Pologne, les Soviétiques firent en quelques jours environ
230 000 prisonniers de guerre dont la moitié – considérés
comme Biélorusses et Ukrainiens – fut rapidement libérée.
Mais 30 000 autres furent envoyés au Goulag et beaucoup d’autres
incorporés de force dans l’Armée rouge comme nouveaux « citoyens
soviétiques ». Et surtout, le 5 mars 1940, sur rapport
de Beria, Staline et le Politburo décidèrent de faire assassiner
25 700 Polonais internés, dont 14 587 officiers prisonniers
de guerre – 4 243 d’entre eux furent tués d’une balle dans
la tête à Katyn. Précisons que le 2 mars 1940, Staline donna
suite à la demande de Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire
du PC d’Ukraine, qui sollicitait l’autorisation de déporter
les 22 à 25 000 familles des hommes condamnés à mort trois
jours plus tard par le Politburo[10] !
Parallèlement, le NKVD lança quatre grandes opérations de
déportation visant en priorité les couches dirigeantes polonaises :
le 10 février 1940 (140 000 personnes), le 13 avril 1940 (61
000), le 29 juillet 1940 (75 000) et en juin 1941 l’ensemble
toucha 330 000 personnes – dont un tiers d’enfants de moins
de 14 ans – selon les chiffres actuellement disponibles du
NKVD, et 800 000 selon les chiffres du gouvernement polonais
en exil pendant la guerre[11].
En outre, après le 22 juin 1941, le NKVD massacra sur place
ou lors de transferts plusieurs dizaines de milliers de prisonniers
polonais. Au total, le régime soviétique fit – morts et déportés
– plus de 440 000 victimes en Pologne orientale du 17 septembre
1939 au 22 juin 1941, sur une population de 12 millions d’habitants.
Massacres et déportations reprirent en 1944-1945 lors du retour
de l’Armée rouge dans ces territoires occupés en 1939 et lors
de son entrée dans les autres territoires appartenant en principe
à la Pologne indépendante reconnue par Moscou.
L’invasion de l’Estonie par l’Armée rouge le 12 juin 1940,
entraîna dans ce pays une vague de terreur communiste :
de juin 1940 à juin 1941, plus de 2 200 personnes assassinées
(dont 800 officiers, la moitié de ce corps !), 12 500
soldats et plus de 10 000 civils déportés en URSS puis
à nouveau lors du retour de l’Armée rouge dans l’hiver 1944-1945 :
75 000 personnes arrêtées dont au moins 25 000 furent fusillées
ou moururent dans les camps, et 75 000 exilés dont environ
6 000 furent tués en chemin par les Soviétiques en mars
1949, une nouvelle vague de déportation envoya plus de 22
000 personnes au Goulag. En outre, de 1944 à 1953, plus de
2 000 résistants maquisards furent tués au combat, 1 500 assassinés
et 10 000 arrêtés. Au total, ce sont environ 175 000 Estoniens
qui ont été victimes de la terreur soviétique, soit 17,5%
de la population – ce qui rapporté à la population française
correspondrait à 10,5 millions de personnes[12] !
Les mêmes méthodes furent pratiquées en Lituanie et en Lettonie,
ainsi qu’en Bessarabie et en Bukovine du Nord.
La guerre fut l’occasion pour Staline de poursuivre ses opérations
génocidaires avec la déportation de près de 900 000 Allemands
de la Volga à l’automne 1941, de 93 000 Kalmouks du 27 au
30 décembre 1943, de 521 000 Tchétchènes et Ingouches du 23
au 28 février 1944, de 180 000 Tatars de Crimée du 18 au 20
mai 1944, auxquels s’ajoutent les Grecs, les Bulgares et les
Arméniens de Crimée, ainsi que les Turcs, les Kurdes et les
Klemchines du Caucase.
Après guerre, la terreur de masse continua et fut exportée
dans les pays d’Europe de l’Est récemment conquis, s’accompagnant
d’innombrables actes de barbarie.
Reste à comprendre les raisons profondes de cette orgie de
crimes. Nombre d’auteurs ont mis en avant la paranoïa de Staline,
et chacun d’insister sur son père – violent et alcoolique
–, sur ses complexes – sa petite taille, son visage grêlé
de marques de petite vérole, son bras gauche atrophié, sa
faible culture –, sur sa méfiance maladive, voire sur sa cruauté
et son plaisir de la vengeance il est vrai qu’en 1926,
Staline confiait à un proche : « Choisir la victime,
préparer minutieusement le coup, assouvir une vengeance implacable
et ensuite aller se coucher… Il n’y a rien de plus doux au
monde. »
Staline fut souvent comparé au tsar Ivan le Terrible et,
l’un des premiers, Trotsky insista sur la personnalité paranoïaque
et maladivement policière de celui qui allait le faire assassiner.
Paradoxalement, il fut suivi dans cette analyse par Nikita
Khrouchtchev qui, lors de son « Rapport secret »
au XXe congrès du PCUS en février 1956, multiplia les allusions
psychiatriques à propos de Staline, dénonçant son caractère
« maladivement soupçonneux », sa « nervosité »,
son « hystérie », « sa folie de la persécution
qui atteignit des proportions incroyables » et sa « folie
des grandeurs »[13].
Cette vision paranoïde s’est accompagnée d’une vision idiotique
pour Trotsky, le secrétaire général était un personnage de
troisième ordre, « la plus brillante médiocrité du Parti »,
un petit apparatchik qui n’était « ni un penseur, ni
un écrivain, ni un orateur », et qui, par l’intrigue
et l’absence de scrupule, s’était hissé au faîte du pouvoir.
Il alla jusqu’à écrire que Staline était « parvenu au pouvoir
par usurpation du droit à jouer un rôle aussi exceptionnel[14] ».
Et Khrouchtchev d’emboîter le pas trente ans plus tard en
expliquant sans rire que Staline menait les opérations militaires
de la Seconde Guerre mondiale sur une mappemonde.
Staline a aussi souvent été présenté comme un bambocheur
alcoolique passant son temps à visionner des films sans intérêt.
Ce portrait est parfois complété par l’idée qu’il aurait
été un paniquard, un « terroriste terrorisé », réagissant
à l’assassinat de Kirov par la fuite en avant, ou à l’attaque
allemande du 22 juin 1941 par la dépression. Enfin, last but
not least, revient de manière récurrente la rumeur selon laquelle
Staline aurait été un agent de l’Okhrana, la police politique
du tsar, au même titre que le fameux Roman Malinovski, l’un
des préférés de Lénine, véritable agent provocateur démasqué
en 1917 et fusillé.
Ces explications psychologisantes, si elles recèlent une
part de vérité, reposent souvent sur des rumeurs qui s’avèrent
aujourd’hui non fondées : cet homme aux nerfs d’acier n’a
jamais tremblé, n’a connu aucun effondrement psychologique
en juin 1941, et a pendant 35 ans travaillé 15 heures par
jour.
En outre, ces explications, qui font appel au registre de
la monstruosité, renvoient à la fois à un jugement moral et
à une approche relevant du mystérieux et à l’inexplicable.
Dans un article publié dans Le Monde du 12 juin 2002,
la regrettée Françoise Giroud privilégiait cette approche
à propos de Hitler, soulignant « le caractère systématique
et gratuit » de la Shoa et rappelant que jusque-là « jamais
l’homme n’avait exterminé méthodiquement d’autres hommes sans
raison, par caprice en quelque sorte ».
De la même manière, l’une des chef de file de l’école révisionniste
américaine sur l’histoire de l’URSS, Sheila Fitzpatrick, dans
un ouvrage récemment traduit en français, écrit à propos
de la Grande Terreur : « Il semble impossible, du moins
à des esprits formés selon les principes des Lumières, qu’une
chose aussi extraordinaire, aussi monstrueusement étrangère
à l’expérience normale, puisse se produire “par hasard”. Les
gens pensent que de tels événements doivent avoir une explication,
et pourtant ceux-ci apparaissent fondamentalement irrationnels,
absurdes, sans rapport avec les intérêts de qui que ce soit[15] ».
Et, à l’en croire, la Grande terreur serait restée « un
mystère », tant aux yeux des Soviétiques instruits qu’à
ceux de la base.
On comprend que, face à de tels massacres, l’esprit humain
se refuse à envisager les « raisons », bonnes ou
mauvaises, qui ont pu les provoquer. Et pourtant, ces massacres
ont été commandés par des hommes dont la conduite répondait
à une démarche rationnelle que l’historien se doit d’élucider,
sous peine de se voir assimilé à un conteur de village
En 1959, dans ses mémoires de guerre, le général de Gaulle,
remarquable observateur des hommes de pouvoir, et qui avait
été personnellement confronté au dictateur de Moscou en décembre
1944, écartait les faux semblants de l’éloge dithyrambique,
de la critique diabolisante ou de la stigmatisation psychiatrique,
pour aborder la question au fond :
« Staline était possédé de la volonté de puissance.
Rompu par une vie de complot à masquer ses traits et son âme,
à se passer d’illusions, de pitié, de sincérité, à voir en
chaque homme un obstacle ou un danger, tout chez lui était
manœuvre, méfiance et obstination. La révolution, le parti,
l’État, la guerre lui avaient offert les occasions et les
moyens de dominer. Il y était parvenu, usant à fond des détours
de l’exégèse marxiste et des rigueurs totalitaires, mettant
au jeu une audace et une astuce surhumaines, subjuguant ou
liquidant les autres. »
Beaucoup des traits relevés dans ce portrait sont profondément
exacts, mais le général se trompait quand, cherchant à définir
« les buts du despote », il estimait que ceux-ci
visaient à satisfaire « les rêves de la patrie »,
et que Staline « aima la Russie à sa manière »,
une Russie dont il aurait été « le champion rusé et implacable ».
Il est vrai que de Gaulle n’a jamais cru à la vitalité historique
des systèmes idéologiques, et que soixante-quatorze ans après
le 7 novembre 1917, l’histoire lui a donné raison : le
système communiste s’est effondré comme un château de cartes.
Il n’en reste pas moins que dans la phase de fondation du
système, de 1917 à 1953, c’est bien l’idéologie qui a commandé
la conduite de Lénine puis de Staline. Une idéologie révolutionnaire
et communiste constituée en doctrine par Lénine et en vulgate
par Staline, mais une idéologie qui, dans chaque conjoncture,
a pesé sur les choix dans le sens de la « dictature du
prolétariat » et d’un projet totalitaire de plus en plus
affirmé, et contre la légitimité traditionnelle, et contre
la légitimité démocratique.
Car, on l’oublie trop, Staline était un authentique bolchevique
élevé à l’école du léninisme. Révolutionnaire professionnel
dès 1900, à l’âge de 22 ans, il rencontra Lénine en 1905.
Dès 1907, il s’occupa d’organiser des hold-up pour alimenter
les caisses du Parti bolchevique, ce qui le faisait qualifier
de « merveilleux Géorgien » par le chef du parti
qui, en 1912, le coopta au Comité central, alors composé de
treize membres.
Au printemps 1917, il fut élu en troisième position au Comité
central, et en juillet-août 1917, alors que Lénine avait à
nouveau plongé dans la clandestinité et que Trotsky n’avait
pas encore rejoint les bolcheviks, Staline fut presque seul
à diriger le parti il eut dès ce moment un rôle capital
dans l’appareil.
En 1919, il était l’un des cinq membres du Politburo, seul
à être également membre du Bureau d’organisation en
1922 il fut nommé secrétaire général du Comité central, c’est-à-dire
chef de l’appareil d’un parti qui s’était emparé de l’un des
plus puissants États du monde et qui se transformait rapidement
en parti-État.
Staline n’était donc pas l’obscur apparatchik décrit par
Trotsky, mais l’un des collaborateurs directs de Lénine et
parmi les plus appréciés pour son soutien sans faille au leader,
son sens de la discipline, son sang-froid et sa fermeté de
caractère exceptionnels, sa détermination et son absence totale
de scrupules et de pitié dans l’action qui furent des atouts
majeurs lors de la guerre civile de 1918-1920.
C’est donc tout à fait logiquement que dans son « testament »,
dicté fin décembre 1922 dans ses derniers moments de lucidité,
Lénine désigna Staline comme l’un des deux principaux responsables
du parti, avec Trotsky.
Dans la bataille de succession, Staline montra infiniment
plus de volonté et de sens tactique que ses adversaires. Il
joua à la perfection les uns contre les autres, s’alliant
d’abord avec Zinoviev et Kamenev pour éliminer du jeu son
adversaire le plus dangereux, Trotsky, dès la fin de 1923,
avant de l’expulser d’URSS en janvier 1929. A peine Trotsky
écarté, il renversa ses alliances et se rapprocha de Boukharine,
Tomski et Rykov pour écarter Zinoviev et Kamenev de la direction,
mission remplie en 1925. Désormais assez puissant, il se retourna
contre ses alliés de la veille : Boukharine fut exclu
du Politburo en novembre 1929, Tomski en juillet 1930, et
Rykov démis de ses fonctions le 19 décembre 1930[16].
S’étant emparé du parti, Staline le remodela à sa main, assurant
la promotion de millions de jeunes issus des campagnes, au
capital scolaire très faible – Iejov n’avait fait qu’une année
d’école primaire –, fascinés par les situations qui leur étaient
promises, mais contraints de démontrer en acte aussi souvent
que nécessaire leur allégeance totale à leurs chefs et au
premier d’entre eux, Staline – y compris par leur compromission
dans les assassinats de masse. En retour, ce parti formé de
jeunes gens frustes, brutaux et grossiers, s’est reconnu dans
ce chef issu, comme lui, du petit peuple – à la différence
de la plupart des chefs bolcheviques historiques qui étaient
des lettrés marxistes issus de la petites noblesse, de la
bourgeoisie russe ou des communautés juives des villes.
En six années, Staline s’est imposé comme LE patron – le
vojd, le guide – à la suite d’une série de manœuvres où il
montra toutes ses capacités d’homme de pouvoir, mais surtout
une compréhension aiguë de la nature totalitaire du régime qui,
déjà sous Lénine, reposait sur le principe du parti unique,
de l’autorité incontestée du chef et de l’unité absolue du
parti. La bataille avec Trotsky porta dès le second semestre
1923, sur deux points majeurs : la nature du pouvoir et celle
du processus révolutionnaire.
A la différence de beaucoup d’autres bolcheviks, Staline
avait compris que la conquête du pouvoir modifiait la nature
du parti qui, de parti-mouvement révolutionnaire devenait
un parti-État. Le 19 janvier 1924, il fit adopter une résolution
dénonçant chez Trotsky une « tentative directe de discréditer
l’appareil du Parti » qui ne pouvait « objectivement
parlant, conduire à rien d’autre qu’à soustraire l’appareil
de l’État à l’influence du Parti ». Derrière cette querelle
se cache l’une des bases du système totalitaire : la
prééminence constante du parti sur l’appareil d’État, de l’idéologie
sur les contraintes de gouvernement, des idéocrates sur les
technocrates, des « rouges » sur les « experts ».
C’est d’ailleurs sur ce point que Staline a clos sa conquête
du pouvoir absolu le 22 septembre 1930, il écrivait
à Molotov une lettre lui proposant de démettre Rykov,
le chef du gouvernement : « C’est absolument indispensable.
Sinon il y aura toujours une coupure entre la direction du
parti et la direction de l’État. Avec la combinaison que je
te propose, nous aurons enfin une parfaite unité des sommets
de l’État et du parti, ce qui renforcera notre pouvoir. »
L’autre point d’achoppement portait sur les voies et moyens
de la révolution bolchevique. En effet, la seconde promesse
prononcée par Staline devant le cercueil de Lénine – après
celle sur l’unité du parti – avait été de « sauvegarder
et d’affermir la dictature du prolétariat », ce qui
en clair signifiait de conserver le pouvoir par tous les moyens
et de développer la puissance communiste inaugurée en novembre
1917. Là encore, Staline fit preuve d’un grand sens politique
et d’une formidable efficacité. Face aux romantiques qui estimaient
que la survie du pouvoir bolchevique passait par l’extension
de la révolution à l’Europe et en particulier à l’Allemagne,
Staline ne croyait pas à la puissance du mouvement ouvrier
et révolutionnaire, ni en Europe ni ailleurs, et avait compris
dès l’été 1923 que la naissance de l’URSS impliquait une mutation
du processus révolutionnaire.
Dès août 1923, il conclut à l’échec de l’insurrection que
la direction soviétique et le Komintern préparaient pour octobre
en Allemagne, et l’échec du Parti communiste chinois en 1926-1927
le convainquit définitivement que le seul moyen de sauvegarder
et de renforcer le pouvoir soviétique reposait sur « la
construction du socialisme dans un seul pays », slogan
qu’il avait rendu public le 17 décembre 1924. Ce choix stratégique
impliquait de reprendre la marche en avant de la révolution
communiste, provisoirement gelée par la NEP, ce qui entraîna
trois décisions majeures.
La première engage l’URSS dans une industrialisation accélérée
aux objectifs clairement annoncés par Staline en 1925 :
« Il nous faut de 15 à 20 millions de prolétaires industriels,
l’électrification des principales régions de notre pays, la
coopération agricole et une industrie métallurgique hautement
évoluée. Alors nous n’aurons plus à craindre aucun danger.
Alors nous vaincrons à l’échelle internationale. » Cette
industrialisation à marche forcée, placée sous le signe du
Premier Plan quinquennal inauguré en 1928, développe une sidérurgie
lourde et une industrie automobile et aéronautique, au prix
de la surexploitation des ouvriers – leur salaire réel baisse
de moitié entre 1928 et 1934 l’objectif de Staline
est de doter l’URSS d’une grande armée moderne et mécanisée
qui sera la pierre angulaire de la victoire militaire de 1945
et de l’expansion consécutive du système communiste.
La seconde décision est de collectiviser l’agriculture afin
d’arracher à la paysannerie le capital indispensable au financement
de l’industrialisation – « l’accumulation primitive »
chère à Marx permet d’acheter la technologie à l’étranger
–, mais aussi de placer le kolkhozien dans un semi-servage,
et surtout de contrôler la production de nourriture, et par
là, d’assurer au pouvoir un moyen de pression décisif sur
la société.
La troisième décision consista, dès le milieu des années
1930, et bien plus intensément encore à partir de juin 1941,
à instrumentaliser le nationalisme grand-russe, en liquidant
ou russifiant les minorités et en habillant du terme de « patriotisme
soviétique » un chauvinisme ethnique russe dont l’extravagance
alla jusqu’à déclarer en 1945 le peuple russe « peuple-héros »,
avec pour contre-partie, dès 1943, la montée d’un antisémitisme
hypocritement nommé « anticosmopolitisme ». Par
là, Staline s’est solidement attaché les services des Russes
afin de combattre les ferments permanents de désagrégation
que représentaient les nationalités du nouvel empire communiste
en cours de formation. Dans la mesure du possible, il pratiquera
les mêmes méthodes à l’égard des nations conquises à partir
de septembre 1939.
Ayant – par le contrôle du revenu, du logement, du ravitaillement
et de la culture – ramené l’ensemble de la population au degré
zéro de l’autonomie, le pouvoir peut désormais reconstruire
la « société » comme il l’entend il extermine
ou réprime ceux qui veulent conserver une once de liberté,
et il distribue ses prébendes – en ces temps effrayants, un
lit avec des draps propres dans une maison chauffée et trois
repas par jour sont un luxe – à ceux qui font tourner la machine
totalitaire : le parti, la police politique, l’armée
et l’administration.
Car un tel système ne peut fonctionner que grâce à la terreur
de masse qui trouve là sa justification « rationnelle ».
En effet, dès 1918, Lénine écrivait : « Si la révolution
tarde en Allemagne, nous devrons nous mettre à l’école du
capitalisme d’État des Allemands, l’imiter de toutes nos forces,
ne pas craindre les procédés dictatoriaux pour accélérer cette
assimilation de la civilisation occidentale par la Russie
barbare, ne pas reculer devant les moyens barbares pour combattre
la barbarie . »
Ainsi les grandes vagues de terreur des années 1930, 1940
et du début des années 1950 visèrent « rationnellement »
à atteindre plusieurs objectifs :
- assurer
le pouvoir absolu du chef sur le parti et sur l’administration
afin que celui-ci dispose d’un outil parfaitement discipliné
- assurer
le pouvoir absolu du parti sur l’ensemble de la population
afin d’imposer à celle-ci la politique définie par le chef
et de réprimer toute résistance en liquidant « les hommes
du passé »
- se
préparer à la guerre en liquidant des catégories de populations
définies selon des critères sociaux et/ou nationaux, considérées
comme des cinquièmes colonnes potentielles
- consolider
les conquêtes de 1939-1941 en liquidant les élites nationales
des pays ou régions concernées
- profiter
de la guerre pour affaiblir par des déportations de masse
des nations non-russes, traditionnellement rebelles (comme
les Tchétchènes) ou fidèles à des traditions culturelles incompatibles
avec le communisme
- après
guerre, neutraliser tous les Soviétiques – prisonniers de
guerre, travailleurs forcés enrégimentés par les Allemands
ou même combattants – contaminés par les « horreurs »
de la prospérité capitaliste
- neutraliser
d’éventuels héritiers trop pressés
- étendre
le système de la manière la plus large hors d’URSS.
La terreur était le principal moyen rationnel de gouverner,
et l’une des conditions de son efficacité était le secret
qui l’entourait.
Dans le domaine de la politique étrangère, Staline montra
les mêmes qualités exceptionnelles de prudence et d’audace,
de vision stratégique et d’habileté tactique, de dissimulation
et d’absence de scrupules, qui, du virage antifasciste du
Front populaire en 1934 à celui des pactes germano-soviétiques
de 1939, puis à Yalta, lui permirent d’assurer pour longtemps
le pouvoir soviétique, de se constituer un empire européen
et d’encourager très fortement l’émergence d’autres pôles
communistes en Asie, puis en Amérique latine et en Afrique.
Cette terreur et cet expansionnisme ont été, très tôt, masqués
par une formidable propagande, élément essentiel de la ruse,
de la dissimulation et de la désinformation inhérentes à la
politique de Staline, et à laquelle il portait la plus grande
attention. Ce couple terreur/propagande est d’ailleurs illustré
de manière symbolique par le couple Iejov : quand Nikolaï
devint le chef de la Grande Terreur, sa femme était la directrice
de la principale revue de propagande soviétique L’URSS
en construction…
Il est indispensable de nourrir d’informations l’indignation
face aux crimes monstrueux du Secrétaire général et de son
père politique Lénine. Mais, le moment est venu – comme cela
fut le cas pour le totalitarisme nazi – d’établir ce qu’Ernst
Nolte appelle « le noyau rationnel », de comprendre
Staline. Non pas en entrant en intelligence avec lui mais
en rendant intelligible sa conduite.
Staline a sans conteste été l’homme politique qui a le plus
pesé sur le XXe siècle. Churchill et Lénine n’ont influé sur
les affaires mondiales que pendant cinq ans, Hitler et Roosevelt
pendant douze ans. De Gaulle, Gandhi et Mao ont surtout marqué
le destin de leur pays. Staline, lui, a participé au pouvoir
dès 1917 avant de devenir un maître de plus en plus autocratique
jusqu’à sa mort en 1953.
Ni rêveur, ni exalté, mais fanatique réaliste, il mesurait
au plus près les rapports de force et ne s’engageait qu’à
coup sûr, même s’il sut, à l’occasion, faire preuve d’une
formidable audace. Il a imposé à l’ensemble du monde communiste
un régime qui lui a survécu près de quarante années. Il a
hissé au rang de superpuissance une URSS devenue matrice idéologique
et politique d’un système communiste mondial.
S’il s’est montré aussi fanatique que Hitler, il a – en professionnel
perfectionniste, super-Machiavel et remarquable stratège et
tacticien de la politique – largement surclassé son concurrent
totalitaire qui, par comparaison, fait figure d’amateur, voire
de dilettante.
Staline a été le plus brillant homme de pouvoir du XXe siècle,
celui qui sut le mieux mettre en adéquation ses moyens avec
ses objectifs.
Bien sûr, un tel système fondé sur la destruction de la propriété
privée et l’économie administrée, sur la terreur et le mensonge,
et enfin sur la négation de la personne humaine et la prétention
à créer un « homme nouveau », relevait du délire, « construction
intellectuelle pathologique sans liaison avec le monde réel,
et qui s’accompagne d’une conviction absolue »
Et ce système ne pouvait, à terme, que s’effondrer. Néanmoins,
on ne peut rien comprendre à l’histoire du communisme au XXe
siècle et à la pérennité d’un système aussi criminel si l’on
néglige les qualités spécifiques de celui qui en hérita et
sut en faire le modèle du totalitarisme.
[1] Cité par Philippe
Buton, « Le PCF à la Libération : démocratie ou
démocratie populaiore, », in Stéphane
Courtois (sous la dir.), Une si longue nuit. L’apogée des
régimes totalitaires en Europe, Paris, Éditions du Rocher,
2003. Sur la soumission de Thorez à Staline, voir « 1944-1947,
les entretiens entre Maurice Thorez et Joseph Staline »,
Communisme, n°45-46, 1996.
[2] Cité par Arkadi
Vaksberg, Staline et les Juifs. L’antisémitisme russe :
une continuité du tsarisme au communisme, Paris, Robert
Laffont, 2003.
[3] Cité par Michel
Winock, « Les Français pleurent le petit Père des peuples »,
L’Histoire, février 2003
[4] Boris
Souvarine, Staline. Aperçu historique du bolchevisme, Ivréa,
1992.
[5] Robert
Conquest, Staline, Paris, Editions Odile Jacob, 1993, et La
Grande Terreur, suivie de Sanglantes moissons,
Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1995.
[6] Nicolas
Werth, « Un État contre son peuple », in
Stéphane Courtois, Nicolas Werth et alii, Le Livre
noir du communisme, Paris, Robert Laffont, 1997
et aussi « Sur la Grande Terreur », Le
Débat, novembre-décembre 2002.
[7] 1933, l’année
noire. Témoignages sur la famine en Ukraine, Paris, Albin
Michel, 2000. Et aussi, Stéphane Courtois, « Le génocide
de classe : définition, description, comparaison »,
Les Cahiers de la Shoa, n°6, 2002.
[8] Nous disposons
depuis peu d’une remarquable biographie de Iejov : Marc
Jansen, Nikita Petrov, Stalin’s loyal executioner. People’s
commissar Nikolaï Ejov, Stanford, Hoover Institution Press,
2002. Toutes les indications qui suivent sur la Grande Terreur
sont tirées de cet ouvrage.
[9] Ibid, p. 108.
[10] Voir le très
novateur ouvrage de Victor Zaslavsky, Il massacro di Katyn.
Il crimine et la menzogna, Rome, Ideazione Editrice, 1998.
[11] Sur ces bilans
chiffrés, voir Alexandra Viatteau, Staline assassine la
Pologne 1939-1947, Paris, Le Seuil, 1999 et Andrzej
Paczkowski, « La Pologne victime de deux totalitarisme,
1939-1945 », in Stéphane Courtois,
Une si longue nuit…, op. cit.
[12] Voir le remarquable
chapitre de Mart Laar, « L’Estonie et le communisme »,
in Stéphane Courtois (sous la dir.), Du passé faisons
table rase ! Histoire et mémoire du communisme en Europe,
Paris, Robert Laffont, 2002.
[13] . Le rapport
secret de Khrouchtchev sur Staline au XXe congrès du P.C.
soviétique, Paris, Champ Libre, 1970, p. 43, 53, 62, 64
et 66.
[14] Léon Trotsky,
Staline, p. XIII
[15] Sheila Fitzpatrick,
Le Stalinisme au quotidien. La Russie soviétique dans les
années 30, Paris, Flammarion, 2002, p. 289.
[16] Sur tout le
processus de prise de contrôle du pouvoir par Staline et d’instauration
d’un pouvoir personnel, voir Oleg Khlevniouk, Le Cercle
du Kremlin. Staline et le Bureau politique dans les années
30 : les jeux du pouvoir, Paris, Le Seuil, 1996.
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